25 juin 2014

Amaze Knight - The Key (2013)


Amaze Knight est un groupe italien de progressive metal fondé à Turin en 2010. Le socle est formé par Christian Dimasi (guitare) et Michele Scotti (batterie). Ensuite Fabrizio Aseglio (voix) et Matteo Cerantola (basse) complètent la formation. Le groupe se met rapidement à l’œuvre et le premier album The Key voit le jour en 2013. Roberto Maccagno, engenieur du son et producteur a mis la main à la pâte pour la réalisation de cet opus.

Avant d’attaquer cette chronique il faut juste rappeler au lecteur qu’en Italie il y a une longue et remarquable tradition de progressive metal. Au début, pendant les années ’70, il y a eu une sorte de triade sacrée formée par les groupes Premiata Forneria Marconi (PFM), Le Orme et Banco del Mutuo Soccorso. Il y a eu aussi d’autres groupes remarquables comme Garybaldi et The Trip. Avec des hauts et des bats cette scène est toujours en activité et aujourd’hui on peut compter sur des groupes comme Il Cerchio d’Oro, Il Bacio della Medusa, Il Segno del Comando, Il Tempio delle Clessidre, Presence, Sophya Baccini pour continuer à transmettre cette musique.

Alors oui, on peut dire qu’Amaze Knight a des sonorités à la Dream Theater ou à la Fates Warning, mais avant de citer ces deux groupes, on pense qu’Amaze Knight pioche plutôt dans cette tradition italienne et le fait en sortant un concept album. En ceci aussi le groupe se rattache aux italiens car il suffit de penser à des concepts albums fondamentaux tels que Felona e Sorona (Le Orme), Darwin! (Banco del Mutuo Soccorso), Ys (Il Balletto di Bronzo), Caronte et Atlantide (The Trip).

The key est axé sur la recherche de quelque chose qui puisse libérer l’homme de sa prison actuelle. L’homme réfléchit sur sa condition et se retrouve victime de visions, de cauchemars. Par des métaphores on retrouve la vie de l’homme moderne assujetti à des puissances et de forces plus grandes que lui (économique, politique, sociale). Ensuite l’homme trouve que sa condition est partagée par l’humanité et il souhaite s’affranchir de ses limites et pour ce faire il a besoin d’une clé (The Key) pour lui ouvrir la porte et l’amener vers des nouveaux horizons. Cette clé est une métaphore et chacun trouvera, peut être, sa propre clé qui pourra lui ouvrir une nouvelle réalité. Le message d’Amaze Knight est un message d’espoir, car la lutte est dure mais on peut y arriver. Ce concept est mis en valeur aussi par l’artwork de l’album : on voit des murs, un endroit sombre, des chaînes au sol et la jambe d’un homme qui est en train de partir. Vers le centre, dans ce monde morne et terne, on voit un petit brin d’herbe. Le vert de cette pousse est une touche de couleur qui appelle et interpelle l’œil de l’observateur en lui montrant qu’il y a un espoir. L’homme qui part est l’homme libéré qui a trouvé la clé pour se défaire de ses chaînes et il est enfin libre.

L’artwork et l’idée d’un homme emprisonné "Imprisoned in this cage" ce sont des clins d’œil au mythe, à l’allégorie de la caverne de Platon. En résumant au maximum, selon Platon les hommes sont enchaînés dans une caverne et regardent sur la paroi devant eux les ombres des choses qui se trouvent derrière eux. Si un prisonnier pouvait retourner sa tête, il comprendrait que les vrais objets se trouvent derrière lui et que ce qu’il croyait vrai était en réalité une ombre projeté sur une paroi par le feu. De plus si cet homme pouvait se libérer de ses chaînes et il pouvait sortir de la caverne il serait d’abord ébloui par la lumière du soleil et une fois accoutumé il comprendrait que le vrai monde se trouve à l’extérieur et que ce qu’il connaissait, c'est-à-dire la caverne, n’était qu’une partie de quelque chose de plus grand.

Les dernières paroles d’Amaze Knight peuvent bien être mises en relation avec cette allégorie :

Here is a door, I can open it

I cannot see anything,

the glare is too heavy for my eyes



Now the light fulfills my soul, the shadow is no longer here, like the darkest part of me,

The time of sorrow and anger has gone, the time of light is now, a new life comes for me
(Liberation, a new day)


Musicalement Amaze Knight est très technique et inspiré. Les technicismes ne sont pas là pour montrer la bravoure des musiciens mais au service de l’histoire du concept. Dans cette lutte intérieure pour la liberté il y a des hauts et des bats qui sont ponctués par des accélérations et des ralentissements de tempos. La voix aussi Fabrizio Aseglio peut monter très haut et se faire plus déclarative selon les exigences du moment. On peut trouver une ligne directrice qui part avec une certaine force avec le premier titre Imprisoned (Shadows Past) pour souligner le chaos de l’individu moderne. Cette force s’estompe au fur et mesure jusqu’à quand la clé sera trouvée. Avec Liberation (A New Day) le piano est mis plus en valeur et les tempi se font plus aériens et délicats.

On peut dire qu’avec ce premier album Amaze Knight frappe un gros coup. Bien produit, bien écrit, bien joué et avec un bon supplément d’âme qui vous porte à l’écouter et à le réécouter on peut être que favorablement subjugué par The Key et conseiller à tous les amants de bonne musique d’aller l’écouter. En plus il est gratuit et disponible (avec les textes) depuis le site bandcamp du groupe.


Score 9/10






Lineup:
Fabrizio Aseglio – Vocals
Christian Dimasi – Guitars, Vocals
Davide Gemello – Keyboards
Matteo Cerantola – Bass
Michele Scotti – Drums


Amaze Knight - The Key (2013)
1. Imprisoned (Shadows Past)
2. Restless Soul
3. Heartless
4. Liberation (The Reflection)
5. Liberation (A New Day)

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